Nous recevons au centre régional de plus en plus d'appels de gens qui caressent le désir de se mettre au solaire, confondant d'ailleurs souvent thermique et photovoltaïque dans cette démarche. Certains de ces désirs procèdent d'une envie de changer d'orientation, alors que beaucoup sont la conséquence de la gestion catastrophique de l'activité humaine que nous vivons tous à travers notre système social, à savoir pour ces personnes une mise au chômage. Gestion qui se base sur un mensonge fondamental de la civilisation technique, relevé jadis par Denis de Rougemont, dans le sens que la société industrielle dont le but était de libérer l'homme par le pouvoir des machines a triché avec ce but. Ce but étant de faire du profit, et non de libérer l'homme. En ce sens, au moins, à présent le masque est tombé. Quant à savoir si cela va servir, c'est une autre affaire.
Pour revenir au cas particulier des gens qui nous appellent, nous ne pouvons changer le paradigme du chômage car cela relève d'un choix social large. Et en plus, nous nous pouvons assumer tout le recyclage professionnel du monde ; même dans la gestion des sparadraps pour l'agonisant qu'est le système, nous sommes limités. Il faut en outre savoir que quelle que soit la stupidité de notre civilisation, ne s'appliquent pas moins des lois qui lui sont indépendantes. Ainsi, il n'y a pas de mouvement perpétuel dans la nature ni de connaissance réelle qui ne se soit gravée dans un système nerveux réel. Tout ce que peut faire un bon système éducatif, c'est de donner les mêmes chances à tout le monde, corriger les mauvaises expériences (et non de les supprimer, car on apprends aussi de ses erreurs) et d'éviter celles dont le rapport information sur bruit est médiocre ou nul.
De ce fait, seuls ceux ou celles motivé(e)s par un solide désir de changement d'orientation ont la possibilité, avec du temps et du travail, de devenir un installeur de solaire capable via notre filière. Ils doivent en outre penser ce changement dans une optique de polyculture, comme une formation assumée à côté d'autres sources de revenu susceptibles de "mettre des épinards dans l'assiette". Pour les autres, nous sommes désolés, mais ils n'ont aucune chance. Tout au plus peuvent-ils espérer que le ciel les aide par hasard et temporairement, en devenant vendeur ou revendeur de matériel solaire. Activité qui demande, dans notre civilisation, une formation de plus en plus minimale, le but étant - en accord avec l'idéologie sous laquelle nous vivons - atteint par l'acte même de vente.
Sergio Mazzone est un exemple d'une reconversion réussie. Cela fait un peu plus de deux ans que Sergio a changé graduellement d'orientation professionnelle et s'est attelé au solaire thermique, accumulant de nombreuses heures non ou symboliquement rétribuées dans notre structure bénévole. Cette réalisation digne des bureaux d'ingénieurs les plus spécialisés mesure le chemin parcouru depuis les premiers pas. Avec 18m2 intégrés en toiture, cette installation assure à la fois les besoins ECS puis, cet objectif atteint, un soutien au chauffage et/ou la piscine suivant la saison. Et tout cela pour 19'000.- TTC avant subvention s'il-vous-plait soit, le coût de certaines installations solaires ECS simples de 6m2 sur Genève. Une petite visite ? Lecteurs fast-food s'abstenir ; la suite est technique et il ne s'en dégage aucune solution miracle. Simplement une réjouissante efficacité. |