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| Date : 29.03.2004 14:52:58 De : Service Technique Sebasol VD |
ballon tampon nouvelle génération | Bonjour,
La stratification et les systèmes internes ou externes de stratification font l'objet d'expérimentations diverses depuis des années. En théorie et en termes de physique c'est parfait et la production de chaleur, que ce soit un niveau quantitatif (plus de kWh) mais surtout qualitatif (optimisation de toute la température possible à tous les niveaux possibles) est effectivement optimale. Vous avez donc tout à fait raison de trouver de tels systèmes géniaux. En pratique de tels systèmes ont toujours butté sur deux types d'écueils :
1) la complication mécanique (soudures etc.) et
2) le prix (qui accessoirement est aussi conséquence de 1)
Le système que vous décrivez appartient aux systèmes dits de "stratification thermosiphon intérieur". Comme autre variante il y avait aussi en Suisse un système avec une colonne centrale double ou l'eau en provenance du circuit solaire montait à la température utile exacte dans la colonne pour chauffer à la hauteur maximale que son niveau de température permettait. Mais il y avait aussi des systèmes inox dits de « thermosiphon extérieurs », dont l'exemple le plus classique est le chauffe-eau colonne avec double-manteau extérieur (mais un double manteau-complet n'est à priori pas nécessaire, un double manteau partiel constitué par une simple "colonne" contre la paroi suffirait si la surface d'échange de la dite colonne est suffisante), ou l'eau se refroidit contre la surface du chauffe-eau avant de retourner au circuit solaire et permet ainsi aussi de charger l'eau intérieure au niveau optimal. Ce genre de système peut aussi être réalisé pour la décharge, avec une "colonne de décharge" ailleurs sur la circonférence.
Pour la complication mécanique, elle provient de ce que nous appelons la « longueur de la ligne de soudure ». Selon le principe de la Loi de Murphy, il convient, pour avoir le moins possible d’emmerdes, d’éliminer le plus possible de sources d’emmerdes. A cet égard, les échangeurs spire sont optimaux parce qu’ils sont constitués d’un tube continu (le plus souvent) sans aucun point de soudure interne (le seul point de soudure est celui à l’entrée/sortie du boillon, et il fait la circonférence du tube). A contraire, les systèmes que vous décrivez consistent à souder des géométries plus compliquées à l’intérieur ou à l’extérieur du chauffe-eau ce qui, accessoirement à l’augmentation du coût car il y a plus de travail, augmente la longueur de la ligne de soudure et donc la probabilité d’avoir des emmerdes (à cause d’un mauvais travail, de la dilatation, etc.). Notez que ce principe de la « longueur de la ligne de soudure » a aussi déterminé le choix de la géométrie de notre absorbeur, qui est constitué d’un tube de cuivre recuit de DN12 ou DN15 cintré et brasé sur la plaque sélective SANS aucun point de soudure interne.
Pour revenir aux chauffes-eau, tous ces systèmes de stratification ont été expérimentés depuis les années 70 (y compris les systèmes mécaniques, avec des stratifications en plus de 2 hauteurs, véritables délires de vannes qui maximisent encore plus la probabilité de réalisation de la Loi de Murphy). La plupart étaient proposés par des installateurs sanitaires et autres plombiers à l'aise avec la soudure inox et passionnés par leurs recherches au point d'en faire une promotion - au niveau régional - parfois agressive et à la limite de l'obsession mentale. Ce qui a eu pour effet de les faire considérer par le public comme des "fous" et, par conséquent, n'a absolument pas aidé à la marche de leurs affaires en particulier ni à celles du solaire thermique ou du renouvelable en général.
Nous aimerions à ce sujet ouvrir une parenthèse ici.
Il ne sert en effet à rien de promouvoir un système machin renouvelable bien meilleur que tous les autres systèmes trucs des (sous-entendu imbéciles de) concurrents, à un public qui doit déjà faire le saut mental de considérer l'utilité d'un système renouvelable par rapport à un système classique. Le petit club des enthousiastes passionnés peut tout au plus faire vivre une entreprise qui fait du luxe si ce petit club est composé de membres avec du pouvoir d'achat, ce qu’on appelle un marché de niche, mais en tout cas pas des corps de métiers de base qui sont confrontés à des gens normaux. Le pouvoir d’achat, le plaisir et l’angoisse des acheteurs sont des données fondamentales à considérer si on veut faire avancer les choses. C’est très important pour les « pionniers » en toute choses, qu’ils soient installateurs ou clients, de prendre en compte le stress psychique qui provient du fait de proposer ou se doter d’un système alternatif que personne d’autre n’utilise (encore). L’espèce humaine est peut-être capable d’adaptation, mais il nous faut mettre un bémol à ce constat optimiste et ajouter « quand elle y est forcée » pour 95% des cas, et « si c’est bonnard et que c’est supportable et que cela correspond à mon attente éthique » pour le 5% restant. Toute notre action à Sebasol, consiste à faire augmenter ces 5% pourcent par pourcent, ce qui nous oblige résolument, ni à faire du luxe élitiste, ni à faire du zinzinisme tout azimuth.
De ce fait, pour le peu d’expériences et de témoignages que nous avons eu sur le parcours de telles inventeurs géniaux, leur engagement excessif et l'acharnement à promouvoir leurs systèmes Parfaits à mis à mal leur psychisme et donc à accru leurs expériences malheureuses ce qui par contrecoup a encore plus mis à mal leur psychisme etc. spirale infernale qui les fait à présent considérer, eux et pire, leur système pourtant rationnel et juste, comme des « folies non raisonnables ». La loi du troupeau fait qu’il ne suffit pas d’avoir raison pour survivre, en particulier si on a raison trop tôt. Parfois, il vaut mieux avoir un petit peu raison, et garder sa grande raison par devers soi. Après tout, 95% de tous ceux qui votent actuellement auraient été royalistes en 1789 et Monsieur Jourdain fait très bien de la prose, même s’il ne le sait pas. On peut espérer atteindre une fois une société où tous les Monsieur Jourdain feront de la prose en le sachant et en sachant pourquoi, mais nous pensons que ce genre de travail ne sera jamais fini et qu’en cette matière les générations futures auront des choses à apprendre aux potentiels Monsieur Jourdain que nous sommes. Après tout, le travail étant une chose de plus en plus relative à l’ère des robots et des intelligences artificielles, ce sera peut-être le seul « travail » qu’il leur restera, ce serait donc injuste de décréter la Fin de l’Histoire et de les en priver…
Nous ne décrivons pas ce phénomène dans un but de dénigrement gratuit ou pour faire la morale. Il nous semble que ce sont des phénomènes typiques d’un état « précurseur » dans une société donnée (que ce soit d’une technique, une philosophie, de droits politiques etc.). Cela aboutit dans le domaine technique à ce que nous appelons des « fous Tournesols » (et dans d’autres domaines à des archétypes du genre vieux militant, activiste obsessionnel, penseur hors-sol, ermite aigri ou déconnecté planant). Même si les énergies renouvelables y sont encore très marginales et nécessitent une attitude mentale engagée et une bonne dose de désintéressement, nous espérons avoir dépassé ce stade ici en Suisse, grâce peut-être en soit rendue aux « fous Tournesols » qui ont payé par leur psychisme à notre place dans le passé. Toute tentative de changer l’ordre conçu comme établi s’apparente à une forme de conflit, et c’est bien connu que les premiers combattants qu’on envoie au front sont les moins expérimentés et les moins bien équipés alors qu’en face il y a tous les canons voulus. Et donc qu’ils paient au prix fort des erreurs qu’ils épargneront aux suivants. Mais il nous semble qu’en France, la société civile est par rapport aux énergie renouvelables encore grandement au stade « précurseur », s’il faut en croire les messages que nous recevons, qui en grande majorité sont issus d’individus qui espèrent avant tout trouver le meilleur système renouvelable sur une population de 60 millions de personnes équipées… d’aucun système du tout.
Pour revenir à des choses plus terre à terre, c’est donc le prix et la simplicité des autres chauffes-eau qui a œuvré pour leur diffusion, plus le fait que les chauffe-eau « géniaux » étaient encore plus incompréhensibles à la population (dont les installateurs chauffagistes) que les systèmes « con-cons » standards qui sont actuellement préconisés.
Un second aspect à considérer soigneusement dans la question de l’appoint au chauffage, est justement la capacité technique des chauffagistes qui auront pour tâche de charger et distribuer à partir de votre chauffe-eau idéal. Et là, nous craignons fort que Murphy ne frappe également. Car l’avantage d’un chauffe-eau combiné avec un bain-marie interne, c’est que de l’extérieur il a le même aspect qu’un accumulateur de chauffage normal et qu’il se branche de la même manière. La probabilité de le brancher correctement, en charge et distribution, est donc maximisée, ce qui revient à dire que sur cet aspect du moins, le système fonctionnera correctement. Il est clair que le chauffe-eau à stratification intérieure que vous proposez est peut-être aussi simple à brancher, mais peut-être pas (où mettent-ils les sondes, quelles régulations chauffage sont adaptées ? etc.). Si par malheur nous sommes dans le second cas de figure, vous allez perdre tout le bénéfice de votre production optimalisée. Soit donc le petit bénéfice (par rapport au gros surcoût financier) de production que vous obtiendrez.
On considère à ce stade, qu’en tant que passionné vous acceptez le surcoût financier important de votre chauffe-eau en contrepartie de la « beauté » et de la « rationalité » supplémentaire qu’il vous offre, comme on accepte des options luxes par goût de la belle chose. Après tout, quand on voit le genre de délires que les gens se permettent par rapport à leur voiture ou leur cuisine, on ne peut en aucune manière considérer comme « irrationnel » le fait de vouloir se doter d’un chauffe-eau énergétiquement plus performant.
Mais on ne discute donc pas du bénéfice en terme de coût marginal du kWh produit par votre chauffe-eau sur un système classique, tant le nombre de kWh produits par un système solaire, on ne le répètera jamais assez, dépend en premier lieu de la consommation et non pas de la performance du système.
Avec nos salutations ensoleillées
Le Nain dans les Tuyaux
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