Cette réalisation de André Gabioud est exemplaire au titre qu'elle illustre la robustesse du low-tech. Elle est anonymisée pour des raisons de protection de la vie privée. L'histoire est la suivante : dans les années 2000, un autoconstructeur se met en couple dans un gros projet de rénovation commun, puis abandonne son conjoint après quelques mois, le laisant en rade avec un bâtiment ouvert à tout vent. Notez qu'une telle pratique est rarissime dans l'autoconstruction (2 cas sur environ 1000 jusqu'à présent). Alors que ce n'est pas du tout le cas dans le bâtiment, avec des entreprises qui font de la merde pendant quelques années, pour ensuite faire faillite et renaître sous un autre nom, qui parfois ne diffère que d'une lettre du nom précédent ! "Everything goes" par définition dans le néolibéralisme. Il n'est d'ailleurs vraiment pas impossible que la fuite soudaine du personnage soit la conséquence de démêlés avec des entreprises locales, pour lesquelles il a travaillé en s'autobombardant entreprise générale, sur la base de ses connaissances approximatives... Quand ça commence à chauffer vraiment, la fuite est la seule stratégie possible, n'en déplaise à la rhétorique ronflante des starteupes et de l'innovation.
Pour revenir à l'installation solaire, notre personnage se fond dans la nature juste après le PV de mise en service. Il laisse alors à son ex une installation ECS et appoint chauffage qui marche "sur trois pattes", avec la responsabilité de son suivi, chose pour laquelle elle n'a aucune compétence. "Sur trois pattes" car cette installation devait encore être fixée en un certain nombre de points non critiques relevés dans le procès-verbal de mise en service de Sebasol, ce que le courageux en question n'a bien sûr pas fait avant de disparaître. L'installation a néanmoins fonctionné plus de 10 ans sans malfonction majeure. Elle s'est mise à faire trop de stagnations en été après quelques années.
Cela aurait pu continuer ainsi si par hasard la propriétaire ne nous était pas retombé dessus à l'occasion d'une conférence (comme quoi ça peut servir). Elle nous a alors demandé de faire un contrôle et c'est à cette occasion que nous avons appris toute l'affaire. André Gabioud est alors allé fixer les points litigieux et l'installation, qui tournait auparavant pas de manière optimale, le fait à présent à satisfaction. Ce qu'il y a d'impressionnant c'est que jamais une machine high-tech n'aurait pu supporter les mauvais traitements que lui a fait subir l'indélicat. Alors qu'ici elle est à présent comme neuve, par simple application de compétence/intelligence humaine.
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