Nous avons un Facteur Cheval en Suisse et son nom est Jacques Chollet. Jacques autoconstruit à peu près tout dans son environnement. Parmi ce tout il y a en premier sa maison, qu'il agrandit sans cesse, à coup de matériaux récoltés partout dont colonnades classiques, pierres issues de pénitenciers démolis, blocs en Ytong de récup et autres. Cela donne un bâtiment néo-classique qui semble droit sorti de la Grande Histoire de la bonne bourgeoisie de la Riviera vaudoise. Oui, celle qui a le Général dans son arbre généalogique par affinité politique ou de sang, réel ou par"bon voisinage", comme on dit. Et pourtant, son bâtiment n'existait pour ainsi dire pas il y a 10 ans ! Jacques est la preuve vivante qu'on peut monter de ses mains dans le paysage des pierres non seulement acceptées, mais enviées par tous, sans en passer par les sauvageries auxquelles nous ont habitués nombre d'architectes travaillant pour de nouveaux riches. Evidemment, si le but est d'avoir "des couilles plus grosses que papa", ce qui se traduit depuis le petit homme à lunettes qui faisait des "machines à habiter" tout en étant pas précisément Gandhi, par la nécessité que les "volumes soient purs" et que le "béton s'exprime", toutes choses rendues possibles par le laxisme que permet le miracle bientôt mort du pétrole, on peut comprendre que le style architectural de Jacques passe pour has-been.
Mais nous à Sebasol, on s'en fout. Ce qui nous botte chez Jacques, c'est le génie du faussaire qui comme le Facteur Cheval fait patiemment un truc total génial et classieux là où des légions de bien nantis n'arrivent à accoucher que de machins néo-modernes dont nous prédisons sans peine qu'ils vont nettement, mais alors nettement, plus mal vieillir. Bien sûr, pour ça il faut travailler sur des années. C'est pas le "tout, tout de suite" qu'on fait miroiter aux gogos qui espèrent autant au mouvement perpétuel que de voyager loin en ne ménageant pas leur monture.
C'est Jacques Chollet que vous voyez montrer son plan ici. On a presque un peu honte de ne parler que de l'autoconstruction solaire qu'il a faite. On a encore plus honte de n'en parler que maintenant, en 2009, alors que sa réalisation date de 2003. On a honte de n'être jamais allé se baigner dans sa piscine - non pas que nous ayons un goût particulier pour les piscine individuelles où on est souvent bien seul alors qu'il y a tant de jolies filles pour s'éblouir les yeux à la piscine municipale - mais si nous n'y allons pas, nous le regretterons mais voilà, la vie est faite aussi de regrets et pas rien que de remords. Il y a aussi la honte de n'avoir pas mis plus de photos de sa réalisation, parce qu'il y a toujours plus urgent, qu'il faut gagner sa vie, qu'il y a 114 chantiers d'autoconstruction à suivre à présent, parce que, parce que, blabla. Bref, on va essayer d'atténuer un peu notre honte et mettre une bonne fois ces foutus photos et tant pis s'il est 2h du mat une fois de plus. |